Inquiétante évolution de la résistance des bactéries aux antibiotiques

Du 12 au 18 novembre 2018, l’Hôpital du Valais s’associe à la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques. Organisée à l’appel d’institutions internationales comme l’Organisation mondiale de la santé, son objectif est de sensibiliser le public, les professionnels et les décideurs politiques à la résistance aux antibiotiques et à leur utilisation prudente.

« Les bactéries résistantes deviennent fréquentes et dangereuses dans le monde entier », souligne le Prof. Nicolas Troillet, Directeur de l’Institut Central des Hôpitaux (ICH) et médecin-chef du Service des maladies infectieuses. « Afin d’assurer l’efficacité des antibiotiques à long terme et de limiter l’émergence des résistances notre service donne depuis de nombreuses années des formations pour les médecins hospitaliers, de famille ainsi que pour les pharmaciens », rappelle-t-il. Ces formations au sujet des infections et de leur traitement visent à renforcer les responsabilités de tous les acteurs dans un contexte interdisciplinaire.

« Il faut avoir recours aux antibiotiques à bon escient et les prescrire en tenant compte de l’indication, de la durée du traitement et du choix de l’antibiotique selon le résultat visé », insiste le Prof. Troillet. « Leur utilisation excessive et inadéquate accélère le développement de germes résistants ce qui augmente le risque que les maladies infectieuses ne puissent plus, ou difficilement, être soignées. »

Étude romande sur la résistance aux antimicrobiens
Les services de soins intensifs, de médecine interne et de chirurgie du Centre Hospitalier du Valais Romand ont participé depuis l’hiver dernier à une étude dans le cadre du Programme national de recherche « La résistance aux antimicrobiens ». Après 6 mois d’observations au CHUV, à l’Hôpital de Fribourg, à l’Hôpital Riviera- Chablais et à l’Hôpital du Valais, la première partie de l’étude est aujourd’hui terminée.

« Les premiers résultats concernent l’analyse des prescriptions antibiotiques et le type de propositions émises », résume le Prof. Troillet. « Près de 1000 patients hospitalisés ont reçu des antibiotiques ciblés par l’étude, prescrits par les médecins des services participants dans ces hôpitaux ». Pour un patient sur quatre des propositions d’optimisation de la médication ont pu être faites aux médecins prescripteurs par un spécialiste en maladies infectieuses.  
 
Et une fois sur deux, les médecins les ont acceptées et modifié leur prescription. « L’impact pluridisciplinaire de cette approche et les échanges entre les médecins —  intensivistes, internistes, chirurgiens et infectiologues — sont réjouissants. » 

Un logiciel pour détecter l’utilisation de certains antibiotiques

Après une phase pilote, le logiciel Mediscreen, qui vise à augmenter la sécurité de la prise de médicaments en identifiant des situations à risque, a été déployé au sein de l’Hôpital du Valais. « Ce logiciel permet au Service des maladies infectieuses de détecter l’utilisation de certains antibiotiques à préserver et de prendre contact le cas échéant avec les médecins prescripteurs afin d’en discuter l’indication », précise le Prof. Nicolas Troillet. En 6 mois le logiciel a déjà permis d’adapter le traitement et de prévenir la survenue d’événements indésirables liés aux médicaments dans une centaine de situations.

Stand d’information à l’hôpital 

À l’occasion de la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques des supports d’information édités par l’OFSP sur la Stratégie Antibiorésistance Suisse (StAR) seront disponibles dans le hall d’entrée de l’hôpital de Sion et aux réceptions des sites hospitaliers de Brigue, Viège, Sierre et Martigny. Le programme Star fédère de nombreux acteurs suisses — les professionnels, mais aussi le grand public — afin de mieux comprendre les enjeux sur l’antibiorésistance et l’utilisation prudente des antibiotiques (www.star.admin.ch).